mercredi 18 novembre 2015

18 novembre 2015 - DE LA NECESSITE D’UNE REDEFINITION DU REGARD SUR L’AUTRE : CONTRIBUTION AU DEBAT

Le contexte actuel dans lequel est plongé notre monde devrait inciter tout un chacun à s’arrêter et à se poser la question de l’origine du mal. Notre humanité contemporaine traverse une période de crise qui,  à notre sens,  n’est que la résultante du conflit identitaire que l’on peut voir un peu partout à travers le globe. Nous assistons aujourd’hui plus que jamais à un repli identitaire qui consiste à se penser en tant que je et indépendamment de tout rapport avec autrui. Pis, nous pensons souvent que l’altérité doit s’entendre dans le sens de l’exclusion, de l’intolérance ou du refus de la différence.
Cependant les événements récents nous montrent le degré de fourvoiement auquel peut correspondre une telle attitude. AUTRUI C’EST JE ! Par conséquent penser, croire, dire, choisir, aimer, haïr, c’est en même temps faire tout cela pour moi-même et pour l’humanité toute entière. Car en posant de tels actes et en faisant de tels choix j’invite toute l’humanité à réagir en fonction d’eux. Ainsi avoir du mépris pour l’autre c’est en quelque sorte vouloir que lui aussi éprouve la même chose à mon égard. Et c’est exactement ce qui se passe quand l’occident s’arroge le droit de fouler du pied les principes sacro-saints de la religion musulmane au nom d’une laïcité qui va à deux vitesses. Il faudrait que l’on comprenne que croire en quelque chose c’est  se donner la possibilité de fournir du sens à l’existence et de se définir par là même. Dés lors nier la forme de croyance d’un individu c’est remettre en cause tous les principes autour desquels s’est articulée son existence. Voilà ce qui pourrait expliquer le retour de bâton qui frappe l’occident et qui peut être interprété comme le sursaut d’un principe fidéiste que l’on cherche à étouffer.

Il faudrait impérativement un retour à l’essentiel. Et comprendre que le nœud du problème n’est pas ce qui définit intrinsèquement autrui. La source du problème est à chercher, à mon sens, dans le regard que chacun de nous porte sur l’autre ainsi que sur sa croyance. Il faudrait plus de tolérance, celle-là même qui est perceptible au cœur du fait religieux et qui en constitue la quintessence, et ce quelle qu’en soit l’orientation. Il ne sert à rien que de se promettre l’un l’autre les foudres de la vengeance. Car d’un tel combat il ne peut y avoir de vainqueur pour la simple raison qu’on s’arme du feu pour combattre le feu. Cela pourrait également sonner comme une alerte pour nos dirigeants politiques sénégalais qui semblent penchés pour la laïcité. A ceux-là nous demanderons de prendre garde à ne pas confondre celle-ci avec l’intolérance.
Par Abdoulaye DIOUF
Professeur de philosophie
Président de la Commission Ethique & Déontologie
de Bokk DEFAR

 

 

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