C’est lorsque la surprise nous
impose sa présence qu’il faut avoir le courage de décider pour en circonscrire
les effets. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Certes. Mais d’ores et
déjà, nous pouvons saluer, en majesté, le parcours exemplaire de notre pays
dans le combat contre le coronavirus qui n'a donné à aucun pays le temps de se
préparer. Au regard des statistiques croisées, en Afrique et dans le monde, nos
efforts n'ont pas été vains. Mais nous ne pouvons nous satisfaire de nos
résultats, car nous endurons la disparition de proches si chers, vivons des
moments d’angoisse indicible en ces temps d'incertitude.
C'est pourquoi le combat continue et
doit continuer, quels qu’en soient le coût et les formes. Ce combat est celui
de toute l’humanité dressée contre l’inconnu. Rendons alors grâce à toutes les
forces vives de la Nation qui, de manière consensuelle, se sont mobilisées
comme un seul homme. Quelqu’un disait que « seuls les hommes libres sont
reconnaissants les uns envers les autres ». Le courage de décider du chef
de l’Etat a été un puissant ressort pour
cet élan national admirable. Pour cette détermination à circonscrire et
maîtriser l’ennemi invisible et mobile.
Dès les premières manifestations de
la crise, alors que le monde croyait qu’elle était d’un pays, le Sénégal a
décidé de ne pas rapatrier nos jeunes compatriotes étudiants à Wuhan. S’en
suivit une levée de boucliers, légitime, certes, qui s’apaise au fur et mesure
que l’histoire imposait la pertinence de la décision. En d’autres cieux, le
rapatriement a coûté plutôt cher, en infections et désolations.
La décision est un choix salutaire
si elle est validée par la logique implacable des faits. Et la volonté d’agir
dans un délai court a valu au Sénégal l’admiration de la communauté internationale.
Bien agir pour atténuer l’impact d’une crise. Il en est ainsi de la fermeture
des frontières, dès le premier cas de Coronavirus introduit dans notre pays. Et
de l’Etat d’urgence. Et de l’interdiction des grands rassemblements. Et du
couvre- feu. Et du port de masque obligatoire
dans les lieux publics. Et de la limitation du transport interurbain.
Cette série de décisions a été
confortée par une campagne tous azimuts de sensibilisation sur les gestes
barrières, notamment le lavage des mains, la distanciation physique, entre
autres. Dans ce même cadre, notre dispositif de surveillance épidémiologique
ainsi que la prise en charge médicale ont fonctionné en harmonie.
Il est incontestable que sans ces
décisions fermes mais salutaires, le Sénégal aurait été dans l'incapacité de
circonscrire la crise en termes du nombre de malades, d'hospitalisés, de guéris
et de décédés. L’élaboration, en temps exceptionnel, d’un Programme de
résilience économique et sociale assorti de la création du Comité de gestion de
Force Covid19 participe de cette capacité d’anticipation, d’ajustement
stratégique, de suivi-évaluation.
L’assouplissement graduel des
mesures, annoncé par le Chef de l’Etat dans ses discours des 11 mai et 29 juin,
illustre cette culture de la décision dans la gestion de la crise. Il est
question, en effet, d’apprendre à vivre « en présence du virus »,
informés par notre propre expérience, l’exigence de relancer, sans délai, notre
machine économique si ébranlée et de maintenir les équilibres sociaux
qu’appelle l’impératif de solidarité nationale. La décision d’assouplissement
est tout aussi la mise à l’épreuve de notre responsabilité individuelle et
collective face à une crise dont personne ne sait exactement le moment du
dénouement.
Nous sommes conviés ainsi, par ces
discours, à la mobilisation générale pour conforter une dynamique de résilience
durable et de relance économique, tenant pleinement compte des formes de
conscience et de comportements sociaux qu'il convient d’adopter dans la stratégie
de gestion de l'épidémie.
De même, dans son fond comme dans sa
forme, le propos du Chef de l'Etat rassure quant à la volonté politique de
doter notre système de santé publique de ressources humaines massives et de
moyens additionnels, de promouvoir davantage le patriotisme économique comme
levier nodal pour doper la production et la consommation domestiques, produire
local, consommer local, exporter plus.
Voilà pourquoi, la question ne se
pose pas en termes alternatifs: santé ou économie, économie contre santé. Il
s'agit plutôt de la triple urgence sanitaire, économique et sociale. La
démonstration est simple: c'est tout le système de santé qui s'effondre et le
lien social qui rompt si l'économie s'effondre.
La bataille contre le Covid19 est
d’abord communautaire: une affaire de la communauté nationale à travers toutes
ses composantes et ses unités territoriales sur la base des grandes
orientations de l’Etat. La crise nous l'enseigne en sa phase actuelle. Aussi,
est-il important de dire, ici et maintenant, que l’affirmation de la puissance
publique est un des facteurs essentiels dans la gestion d’une crise de ce
genre, en termes de prévention comme de prise en charge multiforme. Ce qui suppose l'intelligence des situations
sur la base sur la base de données précises.
Il faut disposer, en
effet, d'informations pertinentes et d’éléments de capitalisation pour
décider quant aux orientations à telle ou telle étape de l’évolution de la
situation qui, le monde entier le sait maintenant, nous met face à
l'incertitude et, pourrait-on dire, à un vide stratégique tant l'expérience
d'une pareille crise fait défaut aux plans scientifique, social, culturel et
économique.
A l’école de l’expérience, il faut
encore affirmer que la force de l’Etat, dont la capacité de planification
décision et de suivi-évaluation constituent des aspects essentiels de sa
mission régalienne, est la condition
sine qua non de notre sécurité individuelle et collective. Là-dessus, le
consensus le plus large est toujours requis. Il est juste question d’une
appréhension des impératifs de
l’histoire, autour de paradigmes nouveaux
Il faut, ainsi, précéder les
ruptures nécessaires à chaque étape du combat contre l'épidémie, non les subir.
www.bokkdefar.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire